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Ainsi l’autorité qui se légitime par le seul fait de son existence, se détruit par le seul fait de son existence.

XLII. Qui dit autorité relative, dit autorité qui finira. Car elle ne peut avoir que la valeur pratique du temps, des accidents et des circonstances, laquelle s’annule dès qu’on parle de Dieu, de conscience et d’éternité.

L’autorité relative a pour type l’autorité paternelle, qui elle aussi est absolue à son origine. Tant que l’enfant est nul comme force, il serait la victime de tous les agents extérieurs, s’il n’avait à côté de lui un être complémentaire pour être sa force et son intelligence. Mais dès que l’enfant est la plus petite chose possible, il n’est plus question que d’autorité relative, qui à son tour déclinera devant la liberté relative de l’enfant, à partir du jour où le père aura eu quelque tort ; enfin, cette autorité ne sera plus rien du tout, quand le fils sera moralement à la hauteur de son père.

La souveraineté absolue et l’autorité relative correspondent à la naissance et à l’enfance de l’homme ; or, il est dans le fait même de l’enfance de se détruire en se continuant ; il est dans la nature de l’autorité de se détruire en s’exerçant.

Ceci est l’histoire des États, des Églises, c’est l’histoire du genre humain.