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l’attachement du chien pour son maître, jusqu’à l’amour de l’homme et de la femme, n’ont pas plus de signification morale, que le fait d’une pierre qui tombe en vertu des lois de l’attraction terrestre ; dans le second, toutes les amours, en y comprenant l’amour de Dieu pour l’homme et de l’homme pour Dieu, n’ont pas plus de valeur morale que le fait de cailloux mis à côté les uns des autres par un enfant désœuvré.

L’athée naturaliste dit : Il n’y a point de Dieu, il n’y a que l’existence impersonnelle des lois cosmiques. Le supranaturaliste dit : Il n’y a de réalité que la personnalité divine, en dehors d’elle, se figurer être quelque chose, c’est la goutte de rosée qui se croit être le soleil.

Matérialisme d’une part, panthéisme de l’autre, fatalisme aveugle des deux côtés.

XXXII. Après avoir nié les principes de l’autorité absolue, on en niera les conséquences.

Si l’homme est la perversité même, s’il ne peut être qu’abomination, il n’est pas plus méchant que le laminoir qui par hasard broierait entre ses cylindres un pauvre ouvrier.

Si l’homme est nécessairement mauvais, le mal est nécessaire, le mal n’est plus que mécanique et matériel, c’est-à-dire que la notion même du mal moral est détruite.

XXXIII. Si l’autorité absolue fait ayant tout ressortir l’idée de péché et de perversité, l’autorité et la liberté relatives font ressortir la faiblesse humaine, et réduisent le principe de la corruption humaine à n’être plus que celui du péché d’ignorance. L’autorité et la liberté relatives ont donc l’intellectualisme pour religion ; c’est ce que nous voyons dans ces religions de compromis entre les deux