et qui tourbillonne entre les crêtes blanchissantes ; et la goutte s’écrie : Ma vie est agitée, elle est orageuse comme l’Océan ; elle parle de révolutions et de cycles historiques, tandis qu’elle meurt dans le trajet d’une vague à l’autre, tandis qu’elle s’évanouit sous la voûte d’une bulle d’air.
Vos cris de joie et de douleurs, ô générations sans nombre, sont-ils autre chose que le petit bruit grésillant de l’écume, de l’écume mousseuse qui se fond et s’en va !
XXVII. Vis-à-vis de l’autorité, l’homme n’est qu’une des formes du néant, il n’a de droit que celui d’adorer dans la poussière. Jamais son intelligence ne recevra d’autre explication que : Je le veux, et qu’il te suffise ! Si la raison veut protester contre cette obéissance absolue, c’est que le démon de l’orgueil est en elle ; c’est que l’homme qui pense est un animal dépravé. Si ta main veut désobéir, coupe-la et jette-la morte et saignante, comme tu jetterais bien loin la baveuse tête d’un serpent ! Ta soumission ne doit avoir de bornes que celle de ton existence, vermisseau misérable !
Car ce n’est point une soumission extérieure et passive qui suffit, il la faut intérieure et absolue.
Les droits de la personnalité humaine ne sont pas faits pour l’esclave, auquel le maître ne doit rien, pas même la vie. Que le maître l’enchaîne aux poteaux de ses portes, pour qu’il y reste depuis sa jeunesse jusqu’à sa vieillesse toute blanche, ou qu’il fasse jeter le corps du malheureux aux poissons de son vivier, le maître est dans son droit.
L’esclave est une chose. Il doit anéantir son individualité dans celle du maître, il doit « obéir comme le cadavre, » la soumission est un éternel suicide.
Esclave de l’autorité, as-tu compris ?