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teur, qui affirmes que Dieu est ceci, que Dieu est cela, dis, qui es-tu ? d’où es-tu sorti ? dis où tu iras ? Sais-tu seulement quelle est ta pensée, quelle est ta volonté ?

Celui qui n’a point sondé ce qu’il y a dans une goutte d’eau, celui-là scruterait les mystères de l’essence divine ? Le malheureux oserait juger celui auquel il doit obéir ?

Pourquoi commandes-tu au bœuf, au cheval et à l’âne, et leur imposes-tu les labeurs d’un dur esclavage ? Parce que tu es plus intelligent que l’animal, c’est aussi pour cela que tu l’égorges et que tu manges sa chair. Or, la loi qui est juste contre la bête, est légitime aussi contre toi, dont l’intelligence est sans vertu, et n’est élevée que d’un degré au-dessus de celle de la brute.

XXIII. Or, même en logique, l’idée d’ignorance se résout dans celle de péché, car l’ignorance ne peut avoir pour cause que l’éloignement de Dieu, c’est-à-dire le mal.

Le péché a une signification terrible.

Ne dit-on pas que les progrès que l’on fait dans la connaissance du monde et de soi-même, sont des progrès dans la science du mal ?

Que tu l’aies été créé, ou que tu le sois devenu, tu es un méchant ; or, au méchant il faut ôter la liberté et la vie, si on peut. Tu écrases la vipère à peine éclose, qui jamais n’a mordu ni blessé, comme tu écrases celle que tu rencontres sur ton chemin. Et toi qui, souillé des pieds à la tête, oses te montrer aux rayons du soleil, tu as été créé scorpion venimeux, scorpion venimeux, tu seras tué et tourmenté.

Le fruit du péché, c’est la mort, et à celui qui a mérité la mort, le plus dur esclavage n’est que commutation de peine et don de miséricorde. Car tout péché est infraction