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de toutes les révélations, cet homme abdiquerait ensuite sa liberté pour se courber sous un joug ? Ce serait absurdité, ce serait folie amère.

Se soumet-il celui qui ne se soumet que conditionnellement ? Si l’autorité religieuse accorde le droit de scruter les Écritures, elle donne le droit de les rejeter ; s’il est permis de rechercher les droits du pape, du prêtre et du pasteur, l’homme sincère et l’hypocrite pourront affirmer qu’ils sont nuls.

S’il en est autrement, la soi-disant liberté d’examen n’est que la liberté de tout trouver bon ; le bourreau d’ailleurs permet la reconnaissance à sa victime.

Telles étaient les conséquences que Lamennais et J. de Maistre tiraient du principe de la réformation, et en les niant, le protestantisme a menti à son principe et a été lâche de cœur.

Il accuse donc l’autorité qui veut qu’elle se justifie et qui lui dit : Lave-toi de ton iniquité. Qui doute aujourd’hui, attaquera demain, car douter est le premier degré de l’incrédulité, de la protestation et de la haine. La réclamation est révolte, et malheur au rebelle !

L’autorité couvre l’idée et l’idéologue d’un mépris souverain, elle ferait volontiers comme Néron, qui, allant se promener en Grèce, défendit qu’on parlât philosophie durant son absence. Mystère et critique sont deux idées contradictoires, et la notion même du mystère implique l’absurdité dans l’esprit de qui voudrait le juger.

Quel est ton droit pour juger, fils de l’ignorance et du désir, du néant et de l’avidité ? Être gonflé d’orgueil et boursouflé de vanité, qui ne vis qu’en aspirant le vide, tu jugerais les lois immuables et éternelles ! Dis, blasphéma-