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CHAPITRE II.


L’AUTORITÉ ABSOLUE COMME FAIT


L’Obéissance.

XIV. La souveraineté s’étant mise au-dessus de l’intelligence, de la justice et de la liberté, affirme qu’elle n’est autre chose que la Force. Qu’est-ce que la force à son tour ? Ce n’est pas une idée, ce n’est pas un principe, c’est la nécessité, c’est la fatalité, c’est le hasard, c’est un fait.

Ce sera donc le fait absolu.

XV. Si l’autorité est absolue, c’est qu’elle n’a d’autre raison qu’elle-même ; elle est souveraine, pour exercer la souveraineté. Pourquoi le tyran ne fouetterait-il pas l’esclave ? Or, le Dieu de l’esclave, ne peut et ne doit être qu’un despote. Car, nul tyran ne se trouverait devant un esclave, que l’esclave s’asservirait non à l’homme libre, mais à un autre esclave. L’âme servile s’asservit à toute chose, elle a peur de ce qui est bon, comme de ce qui est mauvais, elle a peur même de ce qui n’existe pas.

Affranchir l’esclave ? C’est chose vaine et absurde, c’est chose cruelle.

XVI. De Dieu, l’homme tire son être et sa personnalité. Il était plongé dans les abîmes du néant, et Dieu, en lui donnant l’existence, ne s’engageait à rien, mais l’engageait à tout. Que Dieu lui envoie tourments sur tourments, l’homme lui devra la reconnaissance peut-être, la soumission toujours.

Bien plus, il continue toujours à n’être devant Dieu que le néant d’où il est sorti ; son fond est le rien, et la forme