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à-vis d’elle. Car la force sans intelligence, c’est la Force pure. Que peut l’intelligence contre la force ? La force institue l’ordre, même sans intelligence, mais l’intelligence privée d’autorité que peut-elle mener à bout ? Quelque chose de moins que le désordre, le néant.

L’intelligence n’est qu’une vue passive ; la vue de ce qui se trouve dans l’homme et hors de l’homme ; c’est l’aperception plus ou moins obscure des lois objectives. L’homme a lieu d’être fier de son intelligence, comme la goutte d’eau d’être orgueilleuse, parce que le soleil l’a pénétrée d’un de ses rayons, comme la nuit a lieu de l’être, parce qu’une lampe est entrée dans son obscurité. Toutes les subjectivités ne peuvent exister que par leur union avec l’Objectif, c’est-à-dire par leur dépendance du fait premier. Donc, la raison d’un chacun n’est que le miroir plus ou moins trompeur de l’intelligence première.

Toute notion intellectuelle en accord avec les lois immuables de la Nécessité est vraie, toute notion en désaccord avec elles, est fausse. L’intelligence est l’aperception des lois, l’intelligence elle-même est une loi comme l’optique. Les lois de l’intelligence sont les lois logiques ; les lois logiques sont les lois d’égalité, puis d’infériorité, ou de supériorité, celles de l’addition et de la soustraction, celles aussi de la multiplication et de la division ; elles se présentent, il est vrai, sous des combinaisons diverses, et sous de grands noms philosophiques ; mais elles ne sont autre chose que des lois mathématiques, généralement qualifiées de matérielles.

L’intelligence n’ayant de valeur que par sa soumission à l’autorité, l’intelligence en elle-même est nulle.

XI. L’autorité dit encore : Je suis la justice, et hors de