Souvent, je me suis demandé, stupéfait en face de cette Amérique si respectée abroad (au dehors), si peu respectable au dedans, où sont donc ces progrès nécessaires que chaque peuple doit accomplir dans son évolution. On dirait vraiment que tout se réduit à un développement dans l’espace, accompli par cette migration continuelle de l’Atlantique au Pacifique, à un progrès dans le temps, puisque l’Américain entre dans la vie active au sortir de l’enfance, et à un progrès dans ce qui est vie végétative de l’homme, puisque tous ont un morceau de pain sous la dent. Mais le grand progrès est presque totalement indépendant de leur volonté, ce progrès est forcé par suite des nouveaux rapports de l’homme à la Terre et des races aux races ; car ces nouveaux rapports ont posé à l’humanité de nouvelles questions qu’il faut résoudre, bon gré, mal gré. Heureusement que chaque problème contient en soi-même sa propre solution, et certes, ce ne sera pas la faute des Américains si le mélange des races s’opère, si nègre, Indien et blanc finissent par se ressembler au physique comme au moral et a se fondre dans une même nation. Ce serait une étude curieuse à faire que d’examiner jusqu’à quel point le nègre du sud est devenu créole et le nègre du nord yankee, de vérifier dans quelle proportion le planteur a pris les habitudes et le caractère des nègres desquels il a déjà pris le langage, combien de pas nègres et yankees ont faits pour s’acheminer vers cette nuance cuivrée qui est le type du visage américain. Il y a là un sujet d’études très intéressant pour nous et que nous poursuivrons quand nous serons ensemble.
Cependant, les Américains ont fait accomplir à l’humanité bien des progrès auxquels je ne réfléchissais