dant deux heures de la soirée ; quand elle va à sa maison de la ville et que, moi, je prends quelques jours de vacances, je ne crois pas que j’eusse le droit, d’après les convenances, d’aller la visiter. Ne crois pas que je veuille médire de personnes que j’aime sincèrement et qui m’aiment elles-mêmes autant qu’elles croient qu’il est convenable de le faire, j’ai voulu simplement t’expliquer quels sont les rapports que nous avons ensemble.
Ainsi tu vois que je suis un peu seul et, pendant deux jours de la semaine sans exception, je suis parfaitement solitaire et ne parle à âme qui vive. Mes seuls amis sont sur la table, ce sont mes livres ; quand j’ai bien lu et écrivassé, je vais me promener le long du Mississipi et je regarde en silence ces eaux tranquilles qui vont se perdre dans le courant du golfe, et, dans leur long voyage à travers l’Atlantique, iront peut-être se briser sur les rochers de Biarritz. Je les suis de la pensée et je vais te visiter en imagination.
Je t’enverrai mon portrait par la première occasion puisque tu y tiens, mais je n’ai pas changé.