semble m’apercevoir qu’on n’est que médiocrement satisfait du mien. Reste donc dans le nord ; là au moins il y a une vie scientifique ; on pense à autre chose qu’à des tierçons et des boucauts.
Mais si tu veux absolument venir en Louisiane, tu trouveras bien facilement une place. Il n’y a pas plus de huit jours qu’un médecin, M. de la Faye, brave Martiniquais un peu braque, ruiné par la mise en liberté de ses huit cents nègres, et cependant assez courageux pour dire : Ils ont bien fait de me ruiner, m’offrait sa fille Blanche à instruire. Cela m’aurait donné mille fr. de plus, mais j’aurais acheté ces mille francs trop cher, sans compter l’indélicatesse qu’il y aurait eu à donner des leçons hors de chez M. Fortier. Si tu venais ici, M. de la Faye serait ton compère compagnon, ton adorateur. Il y a aussi un des plus grands collèges de la Louisiane où j’ai manqué être répétiteur de géologie, chimie, physique, etc. Nous aurions le privilège d’être à quelques milles l’un de l’autre si tu y acceptais une place de professeur, mais le directeur a l’air d’un perruquier et au fond n’est qu’un rustre. Je me méfie de lui. Il y a quinze jours une place s’est trouvée vacante dans la maison du beau-frère de M. Fortier ; si tu avais été là, tu te serais fait donner la place et aurais gobergé 4 000 francs d’appointements ; mais de semblables occasions peuvent se retrouver. Autre chose, si tu vas t’établir dans le Texas, le gouvernement te donnera 200 acres de terrain, à condition pour toi de les cultiver et faire fructifier pendant cinq ans. Quand même tout n’irait pas bien en commençant, je pourrais te sustenter, vu les piastres qui me tombent sur la boule.
L’ami Fortier m’a fait l’autre jour une proposition qui prouve son bon cœur et que je pourrai utiliser, je