À Élie Reclus.
Je me suis dérangé tout exprès pour venir chercher la lettre dans laquelle tu me donnais des détails sur de nouveaux amis que tu viens de faire, mais nix. Aussi ne manque pas de ravaler tous les renseignements que ton épitre contenait et réexpectore-les moi par le prochain courrier.
Quant à tes idées d’avenir américain, je te conseille de rester provisoirement dans le Massachusetts où tu as plus de chances et où on saura mieux t’apprécier ; arrive avec une profusion de lettres et continue à y tâter du professorat jusqu’à ce que nous soyons en fonds pour organiser notre home. En Louisiane, il faut éprouver une difficulté à laquelle je ne m’attendais pas, c’est l’anglais : justement parce qu’on n’y parle la langue officielle que très mal, on exige de la part des professeurs la prononciation la plus irréprochable. En Angleterre, on admirait notre anglais, mais ici, il me