tient en commun aux deux frères, aux deux camarades, devrions-nous dire.
Venus au monde à moins de trois ans d’intervalle, Élie, le 11 juin 1827, Élisée, le 15 mars 1830, vivant dans les mêmes lieux, subissant les mêmes influences, chacun suivant sa nature, ils restèrent très attachés l’un à l’autre, demeurant ensemble et, même après leurs mariages respectifs, ne formant qu’une seule famille. Ils avaient à peu près les mêmes opinions, atténuées chez Élie par plus de pessimisme, exaltées chez Élisée par un ardent enthousiasme ; jamais leur union absolue et leur confiance réciproque ne se démentirent.
Et de même qu’ils furent inséparables dans la vie, on ne peut après leur mort mentionner l’un sans rappeler l’autre, et c’est pourquoi nous avons, en guise de préface, transcrit ces pages d’Élisée, qui éclairent d’un jour très vif la forte empreinte qu’ils reçurent de l’austère milieu où se développèrent ces fils du pasteur calviniste, milieu qu’ils subirent d’abord, contre lequel ils réagirent forcément, puis se révoltèrent, mais milieu sain et d’une haute moralité, qui les trempa fortement pour les batailles de la vie car ils étaient hommes déjà, n’obéissant qu’à leur conscience à l’âge où beaucoup de jeunes gens n’ont pas encore d’individualité[1].
- ↑ On mettra entre guillemets « » les emprunts faits à la Vie d’Élie Reclus.