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Blanc fût tenu de respecter, achetés et vendus comme des bêtes de somme, privés de nom légal, placés hors de toute justice, hors de la société, hors de la famille, puisque leurs enfants appartenaient au maître »[1]. Chez les parents de ses élèves, les mœurs n’étaient pas empreintes de cette férocité ; là, ainsi que chez nombre d’autres planteurs, on aimait et traitait avec bonté et familiarité certains de ces domestiques noirs qui, trop facilement, adoraient leurs tyrans et seraient parfois volontiers retournés à leur service après l’abolition de l’esclavage ; mais le milieu ambiant, basé sur l’injustice, pesait à Élisée, qui ne trouva d’autre alternative que de fuir peu avant l’instant cruel et difficile où lui, abolitionniste, aurait marché contre les hôtes qui lui avaient été bienveillants.

C’est bien au séjour d’Élisée en Louisiane et à l’étude toute spéciale à laquelle il se livra des us et coutumes de l’« Institution patriarcale » que l’on doit les fiers articles de revendication en faveur de la race opprimée, qu’il publia dans la Revue des Deux-Mondes à son retour en Europe, au moment de la guerre civile aux États-Unis, articles qui constituent une véhémente flétrissure de l’esclavage, en même temps qu’une histoire approfondie de cette longue et douloureuse lutte [2].

  1. John Brown, La Coopération, juillet, 14, 1867. Article d’Élisée Reclus.
  2. L’Esclavage aux États-Unis, Revue des Deux-Mondes, 15 décembre 1859 et 1er  janvier 1860.
    Deux années de la grande lutte américaine, Revue des Deux-Mondes, 1er  août 1864 ; Histoire des États Américains, ibid. Annuaire, 1864, etc., etc.