et, sans tarder, je crayonnai le plan de mon ouvrage. Les rayons obliques d’un soleil d’automne doraient ses premières pages et faisaient trembloter sur elles l’ombre bleuâtre d’un arbuste agité… »
Mais, avant de se rendre à la Nouvelle Grenade où il rêvait de fonder une association fraternelle, Élisée séjourna près de deux ans aux États-Unis, qu’il n’atteignit pas sans difficultés matérielles, ayant dû, raconte la légende qu’il n’a jamais démentie, prendre passage sur un bateau à voiles et payer sa traversée par les services rendus à bord en qualité de cuisinier, occupation pour laquelle il ne devait pas avoir d’aptitudes très prononcées. Débarqué à la Nouvelle-Orléans il vécut de métiers manuels jusqu’à ce que peut-être quelques lettres d’introduction ou d’heureuses rencontres, entr’autres celle d’un boulanger de son pays, lui eussent permis de trouver des élèves et de gagner quelqu’argent. Il fit des voyages, étudia la contrée dans ses traits physiques représentatifs, travaux qui furent utilisés plus tard dans ses articles pour la Revue des Deux-Mondes et autres journaux, et ensuite dans sa Géographie Universelle.
Bientôt Élisée fut demandé, non loin de la Nouvelle-Orléans, dans une famille de planteurs pour y instruire les enfants.
C’est là surtout, moins de dix ans avant la terrible guerre de Sécession, qu’il put étudier de près la société esclavagiste, « voir les Noirs passant comme des ombres à côté des citoyens, n’ayant aucun droit que le