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bons ouvriers pouvaient à la rigueur trouver de l’ouvrage, s’embaucher chez un patron ; mais les inconnus, étudiants, professeurs, hommes de lettres en herbe, qui souvent ignoraient la langue et ne pouvaient produire de recommandation, ceux-là pullulaient dans les rues de Londres et y connurent toutes les affres de la misère et de la faim. Ils se secouraient entre eux, partageaient leurs derniers sous, et c’est ainsi que les frères Reclus vinrent bien vite à bout de leurs maigres ressources. Eux du moins trouvèrent quelques leçons : ils étaient fils de pasteur, ce qui, dans cette nation protestante, était alors de quelque importance, mais ils coudoyaient tant de besogneux, dont ils se sentaient solidaires, qu’ils souffrirent alors beaucoup plus qu’ils n’ont jamais consenti à l’avouer. Les rares lettres que nous possédons de cette époque ne le laissent que trop voir.