poléoniennes. Mais cette République vagissante de « Quarante-huit », qui avait succédé à tant d’espoirs, ne pouvait laisser après elle que de très amers regrets, et nul homme ne fut plus maudit que le Napoléon du Coup d’État, celui que les Châtiments ont flétri pour jamais.
La conduite des deux frères fut très ferme pendant la soirée où la petite ville d’Orthez frémit sous la sinistre nouvelle. Les notables républicains, les jeunes les plus ardents s’étaient réunis dans la chambre d’un représentant du peuple devenu fameux par le tonnerre de sa voix qui, pour le moment, ne faisait entendre qu’un souffle : « Restons bien tranquilles ! Ne bougeons pas, car tous, autour de nous, Bayonne, Pau, Mont-de-Marsan, Auch, Tarbes vont se soulever ; la résistance est organisée ; attendons le mot d’ordre ; tout mouvement isolé troublerait l’harmonie de la Révolution ! » Élie n’eut pas de peine à bafouer ce raisonnement grotesque. Dictant les termes d’un appel aux républicains, éloquent et net, il proposa d’aller aussitôt l’imprimer de gré ou de force et de battre ville et campagne pour grouper à l’Hôtel de Ville toutes les forces de résistance. L’homme à la forte voix se tut, renfrogné, et la plupart des assistants gagnèrent la porte. Élie et ses amis restèrent, mais la « nuit porte conseil », et le lendemain matin à la première heure, ils se trouvèrent seuls à l’« attaque » de l’Hôtel de Ville.
Le Coup d’État avait eu la victoire facile dans Orthez. Cependant le Gouvernement voulut se venger. Le maire reçut avis d’avoir à sévir contre tels et tels,