cultés et, sans que M. Hengstenberg ait eu besoin de s’en mêler, j’ai été immatriculé, et maintenant si un constable veut m’emmener au corps de garde, je n’ai qu’à lui montrer ma carte d’étudiant et je puis m’en retourner, tandis que mon voisin va coucher au violon. Justice distributive !
Tu me demandes, chère mère, s’il y a un recteur de l’Université à Berlin. Il y en a un, je crois bien, et même quand on lui écrit, il ne faut pas oublier son titre de magnifique « Magnifico Rectori Principi, » car les Allemands sont à cheval sur les titres, et gare à ceux qui les oublient. On reconnaît à l’instant que je suis Français quand j’appelle quelqu’un Monsieur, tout court. Je n’ai pas encore reçu la lettre de mon oncle dont tu me parlais, mais ce n’est pas étonnant puisqu’elle passe par le canal universitaire.
L’Université est un immense bâtiment sur la même place que l’Opéra, le Palais Royal, le Musée, le Dôme, l’Arsenal et autres splendeurs de Berlin. À la même heure, on y donne des cours de théologie, de sténographie, de philosophie, de médecine, d’économie politique, d’histoire, de chinois. Toutes les semaines, on arrive à un total de cent vingt professeurs qui ont crié sur tous les tons et joué sur toutes les cordes, les uns, bien rares, devant un auditoire de quatre à cinq cents étudiants, d’autres, plus modestes, devant deux auditeurs, seulement. Il en est même qui se trouvent seuls dans leur salle de cours, se contentant d’accepter le traitement.
Mais il n’est pas nécessaire qu’un étudiant en théologie suive les cours de théologie : cela dépend de lui ; on n’exige qu’une chose, c’est qu’il suive deux cours au moins, cours de grec ou de chinois, peu importe,