du traitement que M. Geller voulait bien me donner, et dont il m’a néanmoins accordé une partie pour le voyage, tout gratuitement. L’espace qui nous sépare s’est tant soit peu agrandi sur la carte, mais, en réalité, le chemin de fer et le bon Dieu aidant, en peu de jours la distance peut se franchir. De Paris à Berlin, les trains les plus lents ne mettent pas même deux jours, et j’espère bien que mon escarcelle s’emplira tôt ou tard. Alors je vous reverrai et vous saurez que je vous aime.
Cela m’a fait une grande peine de quitter Neuwied, et je l’ai surtout éprouvé lorsque j’ai remarqué que j’étais plus aimé peut-être que je ne pensais. C’est au dernier moment que les cœurs se manifestent avec le plus de vie, et réellement nos adieux ont été touchants. Il y avait aussi dans l’Institut quelques élèves auxquels je m’intéressais grandement et aux progrès desquels j’aurais désiré avoir plus longtemps part. Tous m’ont fait promettre de leur écrire, mais ces correspondances auront le sort des autres, se traîneront pendant quelques mois, puis enfin s’évanouiront. L’amour ne diminuera pas pour cela, mais il se couvrira comme de poussière et attendra un souffle bienfaisant pour le faire reparaître.
Mais somme toute, je crois qu’il vaut mieux vivre pour moi de la vie d’étudiant, car je n’avais pas le temps d’apprendre, et quand, pendant toute une journée, depuis cinq heures du matin jusqu’à dix heures du soir, j’avais eu constamment ou bien à parler ou bien à surveiller, j’étais heureux de pouvoir causer loin des livres ou bien de m’enfoncer sous une pile de coussins. Et puis je n’aimais pas à voir mon temps divisé si exactement et scrupuleusement en portions égales. Chaque