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À Mme Reclus à Orthez.


Sans date. 1850.
Chère mère,

Tout est bien, je le trouve aussi, bien que tout ne soit pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ; mais « tant qu’il y aura sur la terre une aurore pour raconter les merveilles de Dieu, une montagne pour témoigner sa gloire, une page sainte pour annoncer aux peuples la grandeur de son nom », tout est bien et tout cœur doit s’ouvrir sous le profond regard de Dieu. Du reste, à quoi bon chercher des défauts à ce jour d’aujourd’hui, si haï, si méprisé, si calomnié parmi les hommes, chrétiens et païens, blancs et noirs ? Le lendemain apporte toujours un changement dans les circonstances, et ce changement lui-même est un bien, quand même il nous ferait déchoir extérieurement, car le malheur vaut mieux que l’ennui. C’est un bien pour nous que le monde passe devant nos yeux comme une fantasmagorie tantôt lugubre, tantôt risible, et que ses rapides images, aussitôt évanouies que formées, viennent nous annoncer le soleil qui ne