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À M. et Mme Reclus, à Orthez.


Sans date. 1850.
Chers parents,

Sans votre dernière et bien aimée lettre, je serais encore à attendre des nouvelles de ma famille en général et de vous en particulier. Ni ma grand’mère, ni mon oncle, ni mes amis de Montauban ne m’ont encore écrit, et, pourtant, je suis transporté dans un pays bien éloigné et dans une atmosphère bien différente. Ce serait bon pour moi de ne pas écrire, et je suis, vous le savez, peut-être pour excuser ma paresse, un adversaire déclaré des lettres, qui trompent peut-être plus qu’elles n’instruisent, parce que chacun juge avec une pensée différente des phrases plus que simples ; celui qui a écrit n’est pas là pour rectifier, et peu à peu son image se transforme dans l’esprit de ceux qu’il aime, et quand il revient dans la maison paternelle, on se demande si c’est bien lui. Oui, bien des points de mon individu qui commençaient à s’illuminer pour vous vont replonger dans l’ombre et, à la place de la réalité, vous dessinerez