À M Reclus, pasteur à Orthez, Basses-Pyrénées.
Cher père, chère mère,
Je suis enfin arrivé chez les Frères Moraves, sain de corps, léger de bourse, plein d’espérances. Quand même j’aurais été complètement écrasé de fatigue, j’aurais été subitement délassé par l’accueil si gracieux et si touchant que m’ont fait les Frères. Assis au milieu d’eux, près de la table de bienvenue, tutoyé par mes nouveaux amis comme par d’anciens compagnons, félicité cordialement par ces voix allemandes qui expriment si bien l’affection, j’étais tellement ébloui que je ne songeais point à les remercier de cet amour fraternel qu’ils manifestaient si bien par leurs voix, leurs regards, leurs serrements de mains. Soutenu par cette affection qui m’entoure, mon séjour dans la pension sera un beau temps de halte entre mes années d’étude, et je pourrai peut-être d’autant mieux apprendre que j’aurai déjà enseigné le peu que je sais. Réjouissez-vous avec moi.
Je ne sais pas encore trop de quelle manière je