cias, d’après lequel la propriété était quelquefois désignée, longeait une partie de la route passant en chemin creux. Les troncs des arbres servaient à retenir les cordes des hamacs, où les amis restaient à lire et à converser des journées exquises. Plut-il jamais pendant cette délicieuse saison qui leur parut un long printemps ?
La joie de vivre dans la nature poussa même les amis à un voyage qui, dans cette époque antérieure aux chemins de fer, était relativement lointain ; un beau jour, après une brusque décision, ils partirent pour aller voir la Méditerranée, ne sachant trop où ils l’aborderaient. La bonne chance les mena d’abord à Castres, qu’ils traversèrent sans voir la ville, et où commença l’excursion pédestre à travers les Cévennes. Les trois compagnons marchaient à l’aventure en remontant les vallées à travers les buis et les coudriers ; puis les voilà, déjà fatigués et silencieux, qui cheminent sûr les âpres cimes de la Montagne Noire et qui redescendent sur le versant du midi, comme emportés par la violence du mistral. Un dernier coup de vent les dépose dans la cour d’une auberge, au fond d’une vallée où tourbillonne la tempête. Le lendemain, ce sont d’autres scènes, et celles-ci les enchantent : c’est le soleil qui éclaire les roches nues, ce sont les pâtis d’herbes rares et parfumées, les petits villages en ruines blottis au bord des fontaines. Les grandes cités historiques se profilent en vigueur sur le ciel ; voici les vieilles tours, alors en ruine, de Carcassonne, les portes et les remparts de Narbonne, avec leurs sculptures et leurs