Mais les frères Reclus avaient maintenant quatre enfants, Élie deux fils, Élisée deux filles, qu’ils désiraient élever à la campagne. Un de leurs amis, Alfred Dumesnil, gendre de Michelet, chez lequel leur sœur Louise était institutrice, leur proposa d’aller demeurer avec lui et sa famille en une sorte d’association coopérative. Ils acceptèrent avec joie, et c’est ainsi qu’en 1863 ils s’installèrent « dans la vieille et pittoresque maison de Vascœuil, dont la tourelle à sept pans domine un incomparable jardin, un étang, la rivière sinueuse ^ A&evon glissant bruyamment entre les fortes racines des hêtres et des aulnes, puis un vaste horizon de prairies jusqu’au village, et, par delà le village, sur les longues pentes des collines et la grande forêt sombre. C’est là qu’ils travaillaient, contemplant l’espace, respirant le parfum des fleurs qui montait du jardin. C’était une joie de besogner ainsi, mais les journées ne se passaient pas seulement en labeur, et que de fois, pendant les belles heures de soleil, on les voyait se promener dans les allées, s’arrêter souvent pour admirer les fleurs ou pour traiter avec une belle passion une question d’art ou de philosophie. Souvent des amis se joignaient à la conversation exquise des promeneurs, et l’on se sentait parfaitement heureux. Des jours aussi fortunés font oublier de longues amertumes ».
Élisée et sa femme passaient aussi une partie de leurs vacances à Sainte-Foy, qu’habitaient les parents de Clarisse.