consciences droites et les en estimaient davantage.
Élie ayant quitté le collège pour aller à Genève faire des études théologiques, Élisée resta à Sainte-Foy. Ils ne se retrouvèrent que deux ans plus tard, lorsque Élie, voulant faire connaissance avec une autre fraction du monde protestant, entra à la Faculté de Montauban, pour y continuer des études qui, dans sa pensée, devaient faire de lui et d’Élisée de fidèles annonciateurs de la « Bonne Nouvel ».
Dans cet établissement officiel qui, par sa dépendance de l’État, indiquait le mieux chez les descendants des huguenots la tranquille acceptation du milieu administratif et gouvernemental, les jeunes gens, presque tous originaires du Midi, n’étaient guère la proie des idées noires. Après avoir parcouru leurs cahiers avec plus ou moins de zèle, ils prenaient volontiers part aux promenades, aux conversations, aux plaisirs que leur offrait une ville sans initiative intellectuelles, pourtant assez hospitalière. Mais les influences du milieu local le cédaient alors singulièrement à celles qui partaient du grand Paris, apportant les nouvelles des luttes politiques, puis, en coup de foudre, celles de la Révolution elle-même. L’année « quarante-huit », cette belle et généreuse époque dont la valeur historique apparaîtra de plus en plus grande dans les siècles qui viendront, entraînait déjà les esprits vers un idéal politique et sociologique nouveau. Une ivresse dyonisiaque s’étaient emparée des jeunes et des bons, et, tout naturellement, les étudiants se trouvaient parmi les plus ardents à discourir et à battre des mains.