tous les traits du paysage environnant, collines et forêts, villes, monuments isolés, tout lui faisait cortège : c’est de lui que l’on sentait naître la vie pour tout ce qui se montrait dans le vaste horizon. Et loin du fleuve, que de sites charmants et discrets, que de ruines pittoresques, abbayes et châteaux, que d’amples forêts de hêtres et de sapins, de fontaines et de ruisselets, — panoramas grandioses et gracieuses perspectives vaguement entrevues, — que de merveilles, devenues à la fois dans le souvenir et l’imagination du jeune homme autant de cadres pour y placer les personnages de ses légendes et de ses rêves ! »
Comme il avait suivi Élie en Allemagne, Élisée le rejoignit vers sa quatorzième année au collège protestant de Sainte-Foy, pour y préparer, d’ailleurs sans aucune espèce de zèle, les examens absolument nécessaires alors du baccalauréat qui ouvrait l’entrée des écoles supérieures. De ce séjour à Sainte-Foy, où ils se lièrent avec des jeunes gens dont l’un surtout, Édouard Grimard, resta leur ami, ils gardèrent un souvenir empreint d’une certaine amertume : externes du collège, ils habitaient chez des parents de leur mère, qui les traitaient sévèrement, surveillaient leurs allées et venues, ne leur accordaient pas en un mot la confiance qu’ils eussent rendue au centuple en tendresse et en vénération. Ces parents les aimaient peut-être, mais ne les respectaient pas comme le firent toujours leur père et leur mère, qu’inquiétait sans doute l’indépendance de conduite revendiquée par leurs enfants, mais qui reconnaissaient en eux des esprits fermes, des