Armin m a reçu avec enthousiasme : Ach ! du altes Haus, treue Seele[1], et il me tapait sur’épaule, sur la cuisse, sur le ventre. Immédiatement, il a fallu kneipen gehen[2], car sans Kneipe, la manifestation, la tendresse d’un Allemand ont toujours quelque chose d’incomplet, rien n’est doux, à ce qu'il paraît, comme de plonger son museau dans une grande choppe et de faire déborder l’écume sur ses joues tout en regardant ein gemuthliches altes Haus wie den Élisée Reclus aus Paris[3]. Plusieurs politiques de renom étaient attablés en même temps que nous et, comme de juste, il a fallu ricoiner les vieilles ricoines. Comme de juste aussi, on s’entendait pour mépriser les Français et pour s’honorer soi-même. Oui, disait triomphalement l’un d’eux, la différence entre les Français et nous, c’est que vous obéissez à un maître parvenu, tandis que nous, au moins, nous obéissons à des maîtres de vieille souche. C’est cela, ajoute ironiquement Armin vous n’avez qu’un simple baudet, mais les Allemands ont des baudets de race, angestammte Eseln.
Cependant, il m’a semblé que tout n’était pas mort en Allemagne comme en France : il est certain qu’on s’y occupe encore beaucoup d’art et de sciences. Cela provient sans doute de l’adaptation facile de l’Allemand à tous les milieux qui l’entourent. Là où le Français mourrait, il trouve encore de l’air vital, il végète assez bien dans le fumier. À ce peuple panthéiste, toute divinité est bonne : pourvu qu’il adore, que ce soit le roi Cliquot ou bien la Liberté, n’importe ! Ses