forcément entre leurs tours, leurs citadelles, leurs bastions et les ouvrages de l’homme. C’est au pont de la Bastei que les superpositions de tours nous ont paru le plus gigantesques. C’est bien là cette Babel démesurée dont parle Victor Hugo dans son feu du ciel. Nous avons gravi le Lilienstein, la colline la plus élevée de toute la contrée, puis nous avons monté sur la terrasse de la Bastei, et de là nous sommes redescendus par l’Ottenwalder Grund, étroite fissure entre deux parvis de quatre-vingts mètres de haut. Cette fissure est même en trois endroits complètement voûtée par des blocs retenus entre les deux murailles du roc ; des sapins se balancent sur le tout : c’est à peine si l’on aperçoit un petit lambeau carré du ciel, des gouttelettes tombent de la voûte humide avec la régularité d’un balancier.
Dugerdilest devenu plus gros, plus mou et, par suite de son long célibat compliqué de pédagogie, beaucoup plus occupé de sa propre personne. C’est toujours un Samson qu’une brebis pourrait tondre. Il a toujours une poigne à assommer un bœuf, une chevelure à tisser des cordages de navires, mais à quinze degrés de chaleur déjà, il devient poussif et change cinq fois de chemise par jour. À force de douceur, il a pris une voix flutée et imperceptible à laquelle se mêle parfois, quand on l’excite, un rire sonore comme le bourdon d’une grosse cloche. Il ne sait plus rien penser, ni faire, ni vouloir. « Que faut-il faire, partir, rester, se marier, retourner en Suisse, se lancer dans la littérature, dessiner ? » Il est pieux et sait qu’il a tort, il est monarchiste, mais il se croit républicain. Il a toute la faiblesse morale d’un Hercule ou d’un Samson, mais il n’a pas eu comme ceux-ci son Omphale ou sa Dalila.