Aux Élie Reclus.
Depuis Cologne, je suis absolument sans nouvelles de vous et de Clarisse, aussi suis-je parfois bien mélancolique à votre sujet. Voir tous les jours des milliers et des milliers de figures indifférentes appartenant à des Juifs, à des Allemands, à des Polackes, à des Wendes, entendre jargonner dans tous les dialectes et dans tous les patois les plus laids du nord, et ne pas savoir si les visages de mes amis sont toujours joyeux et en bonne santé, si leur voix est toujours heureuse, avouez que cela est un peu dur, et ne m’en veuillez pas d’avoir quelque anxiété : le bébé avait un peu mal de gorge lors des dernières nouvelles que j’en ai reçues, a-t-il de nouveau retrouvé sa petite voix cristalline ? Noémi a-t-elle aujourd’hui ses yeux brillants ou ses yeux sans flamme, des joues de névralgie ? Élie a-t-il enfin son congé, et vous préparez-vous à prendre votre volée vers quelque plage bien soleilleuse ? Évidemment, je trouverai à Berlin, ou peut-être à Dresde, une lettre qui me renseignera parfaitement sur toutes ces choses. Une bonne partie de mon être ne vit plus et je ne puis en