fragments de mon travail, et, quand M. de Silva, ambassadeur du Brésil à Londres, M. Varnhagen, ambassadeur à Madrid, auront fini leur lecture, j’espère que mon tour viendra. Quand j’aurai les 60 francs nécessaires pour payer mon diplôme de membre, j’ai l’intention d’entrer dans la société, et, grâce à l’appui de M. Maltebrun et de M. Maury, je suis à peu près sûr d’y entrer. Là, j’aurai l’avantage d’avoir à mon service une bibliothèque géographique admirablement fournie, de pouvoir consulter les cartes et les plans de tous les savants et de suivre d’aussi près que possible tous les mouvements de la science. Voilà, chère mère, mes rêves d’ambition : tu vois que c’est une ambition peu agressive. M. Maltebrun m’a aussi demandé un travail sur la Sierra Nevada de Sainte-Marthe, pour ses Annales de Géographie, et M. Hachette m’a dit que, dans huit ou dix mois, il serait assez disposé à publier le récit de mes voyages ; maintenant, il a trop d’affaires sur les bras pour s’occuper de cette publication. Pourvu que je ne me laisse pas dominer par la paresse, je crois que, tôt ou tard, je trouverai les moyens de gagner quelque chose en écrivant. Pour le moment, je donne ma prose, je ne la vends pas encore.
Nous sommes très casaniers, tellement que je ne connais pas encore Paris, si ce n’est l’extrémité ouest, où nous habitons. Je n’ai pas encore été faire une seule course à la campagne, ni à Saint-Cloud, ni à Sèvres, ni à Saint-Denis, et, d’ailleurs, il fait si froid que lorsque je suis sorti j’ai hâte de venir me chauffer les tibias devant un bon feu.
Nous allons quitter notre délicieux logement : on nous a encore augmenté notre loyer ; nous payons maintenant 600 francs de rente.