d’emprunter et de lire d’Holbach, et je ne suis pas de ceux qui savent étudier la nature et l’inventer à la fois. Maintenant, je passe des heures d’un bonheur complet, et ce bonheur je vous le dois. Chaque bonne phrase, chaque sentiment généreux, me parle de vous. Déjà mes livres circulent et j’espère qu’avant longtemps, chacun en représentera dix. Quant à la photographie, bravo ! et je suis heureux que tu saches ce que tu n’aurais jamais pu apprendre ici.
Ce qui a causé le retard des livres c’est que F. n’est plus à Sainte-Marthe depuis deux ou trois ans. Son successeur est un certain M. de M., qui vient de me demander un rapport sur la Sierra Nevada. Quand vous aurez l’intention de m’envoyer quelque joie, des livres, des dessins ou même quelques vilains écus, il vaudra mieux vous adresser au correspondant du vice-consul de Riohacha, L., bourgeois qui n’est après tout qu’une poche à sous et, cependant, feint d’avoir de l’affection pour moi. Je vous enverrai l’adresse du correspondant.
J’ai vu qu’il était bon de changer quelque peu mes plans : je vais rester à Riohacha pour donner de sales leçons de français. De cette manière, je pourrai envoyer la moitié de mes maigres profits à Ch., pour qu’il puisse faire marcher l’habitation. À la Sierra, je ne pouvais ni gagner de l’argent ni travailler, tandis que d’ici je pourrai lui envoyer 100 francs par mois, ce qui est pour le moins suffisant…
Je vous quitte, parce que je suis bête et que j’ai toujours la fièvre : je suis comme une longue-vue dont les tubes sont fermés ; je n’y vois plus ; sans doute que mon intelligence s’est réfugiée quelque part dans les intestins, car j’y entends des bourdon-