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À son Père.


Riohacha, novembre 1856.
Très excellent père.

Je reçois seulement aujourd’hui la lettre touchante que tu m’avais écrite dès la fin de l’année dernière, et c’est avec une profonde reconnaissance, presque avec un sentiment d’humiliation que je l’ai lue et relue, pour la lire et la relire encore. Je me sens plus qu’ému, en pensant que toi, mon père, t’abaisses au point de me remercier avec effusion parce que moi, ton fils, je me suis souvenu de toi. Vraiment, c’est une grande chose que l’amour d’un père tel que le mien.

Mais as-tu donc pu croire pendant un seul instant que j’omettais d’écrire ton nom par suite d’un indigne oubli ? Cependant je n’écrivais pas une ligne sans t’avoir présent à l’esprit ; jamais je ne prononçais le nom de ma bonne mère sans me souvenir que j’avais un père aussi. Mes lettres étaient donc bien froides puisque, dans les expressions de mon amour filial, quelque chose ne te disait pas que je pensais à toi aussi bien qu’à ma mère ! C’était pourtant un sentiment de respect