Grille, maisonnette bourgeoise, que distinguait en effet une grille d’aspect un peu ambitieux, séparant la route de la modeste allée d’accès. Cette maison devint fameuse dans la mémoire des enfants parce qu’Élie et sa grande sœur Suzi en avaient planté les pêchers et que chaque voyage sur le grand chemin permettait d’admirer ces arbres à nouveau. Enfin, la troisième résidence de « lous dé Réclus » à Castétarbes, fut la maison Lacoustace, située plus loin d’Orthez et au sommet d’une terrasse en pente douce s’inclinant vers le formidable Gave.
Combien les quelques arbres croissant autour de la ferme étaient chers à la famille d’enfants et de marmots : le mûrier, dont les fruits nous barbouillaient la figure et nous transformaient en sauvages ; le chêne, dont les brindilles enguirlandaient les petites têtes ; le noyer, au majestueux branchage, où la fantaisie enfantine plaçait toutes les scènes pathétiques ou comiques des fables et de l’histoire qui avaient été, on ne sait comment, happées par notre cerveau toujours en quête. Dans ce feuillage apparaissaient les fées et les anges : tel héros s’appuyait sur le tronc ; un fugitif des contes se rendait invisible derrière ces rameaux, et là-haut, sur la plus haute branche, s’était imprudemment perché le compère Guillery « pour voir les chiens couri ». C’était là le domaine enchanté de la vie des enfants, le monde magique où tout ce qu’on avait entendu se recréait à nouveau en figuration personnelle. Ces arbres constituaient le vrai temple, bien autrement auguste que le temple de Baigts, où l’on allait deux