voué, ensuite parce que je désire vivement que notre plantation de la Sierra soit une plantation sérieuse.
Je viens de t’exposer les raisons qui m’auraient fait ardemment souhaiter de demeurer à la Sierra Nevada ; malheureusement, d’autres raisons m’en ont empêché. Nous manquons de capital et les semences, pas plus à la Nouvelle-Grenade qu’en France, ne lèvent d’un jour à l’autre. J’ai vu qu’il fallait redescendre à Riohacha et recommencer à donner des leçons. Cette fois, j’ai plus d’élèves que pendant mon premier séjour et je gagnerai probablement assez pour vivre et fonder notre habitation. C’est le café qui nous semble offrir le plus d’avantage, car il croît admirablement dans la Sierra Nevada, et l’on a vu des caféiers, arbustes dont le bois est pourtant très élastique et très fort, casser sous le poids des baies dont leurs branches étaient chargées. On ne cultive pas le cacao dans ce pays, et celui qui voudrait en entreprendre la culture devrait attendre cinq ou six ans avant de faire sa première récolte. Cependant il ne me sera peut-être pas impossible de t’envoyer une caisse de cacao, car, à douze lieues d’ici, il y a une forêt de cacaotiers sauvages que j’ai l’intention de visiter et de piller…
Depuis longtemps sans doute, tu n’as reçu de mes nouvelles, mais cette fois, il ne faut pas accuser de négligence les courriers de la Nouvelle Grenade ou les vapeurs anglais. Mon séjour a la Sierra Nevada m’avait empêché d’écrire, car il n’y a pas de boîte aux lettres là-haut et, pour descendre à Riohacha, il faut franchir des marécages à gué, passer des nuits sur le sable de la plage, se faire laver par les vagues de la mer, et ce n’est qu’après huit jours d’un pareil voyage qu’on