chemin, les portes des cabanes. C’était vers la fin de l’année 1831, et déjà le vent froid sifflait à travers les branches des pins.
La communauté de « chrétiens » qui avait appelé le pasteur Reclus se composait presque uniquement de familles d’agriculteurs, dont quelques-unes assez fortunées et constituant une sorte d’aristocratie terrienne dans le district de Castétarbes, dépendance occidentale de la commune d’Orthez. Vers la fin de la Restauration, l’agitation religieuse s’était aussi répandue dans ce coin reculé de la France, où un propagandiste fort zélé, William Pyt, d’origine suisse, prêchait la libre autonomie des « églises » formées par les groupes de convertis, en dehors de l’État ou des consistoires. Il fut expulsé comme étranger, quoique universellement estimé, mais le « possesseur de diplômes » qui le remplaça n’avait pas moins de zèle s’il avait plus de science, et les prêches, les réunions publiques et privées se succédèrent dans tous le pays, attirant la foule des paysans, même les citadins d’Orthez. On se pressait autour du jeune évangéliste, alors entraîné par une éloquence fougueuse, et des résumés manuscrits de ses discours s’expédiaient de village en village. Mme Reclus, admirablement zélée, mais d’une autre manière que son mari, avait ouvert une école où les enfants accouraient de plusieurs kilomètres à la ronde.
À cette époque, la femme du pasteur, mère d’enfants qui se succédaient rapidement, l’institutrice, la ménagère, la vaillante matrone qui disputait sou à sou la vie des siens contre l’âpre destinée, cette noble jeune dame