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vu les oiseaux-mouches voler au milieu des lataniers, j’ai fait un paquet de toutes les hardes du vieil homme et je les ai jetées dans le Mississippi. Le Gulf Stream les rapportera sur les côtes de l’Angleterre et tu les repêcheras si tu as besoin de haillons de rechange. Tu éprouveras la même chose : quand tu te promèneras dans les brouillards de Liverpool, entre les tonneaux d’huile de palme et les barils de farine, en attendant le départ d’un John Howell quelconque, alors tu cesseras d’être chrétien, et tu cesseras d’écraser l’infâme parce qu’il aura disparu. Peut-être aussi le climat américain est-il anti-mystique, et son influence est-elle pour beaucoup dans cet athéisme général de tout Yankee, depuis le Bostonnais jusqu’au Créole. C’est du reste ici que se pose la question ethnographique la plus intéressante du siècle, celle de la fusion des races. En France, c’est la fusion des classes et des principes ; ici, c’est la fusion des carabineurs ; en France, on rêve la fraternité des âmes ; ici, la fraternité des couleurs se prépare presque uniquement par la force brutale de la gravitation ; mais quoi qu’il en soit, il y a parallélisme parfait entre les deux continents. Ici les données du problème sont si claires et si nombreuses que personne ne peut s’y méprendre ; tout le monde sait que les esclaves s’en vont à la dérive à la suite des dieux, des rois, des bourreaux, des savants, des hommes, des femmes, de tout ce qui fut autrefois.

D’abord, les propriétaires d’esclaves se défendent ; donc ils sont vaincus, puisque le principe de l’autorité, c’est d’être indiscutable, elle est, parce qu’elle est ; dès qu’elle invoque une raison, même celle du plus fort, elle se suicide. Le bon Dieu s’est foudroyé lui-même quand il a eu la malencontreuse idée d’apparaître sur