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des sables disparaissent d’abord du côté de la terre sous un talus sans cesse agrandi ; puis, quand cette partie est cachée en entier, la face antérieure commence à s’engloutir à son tour. Le vent, au lieu de se développer suivant un plan horizontal, comme sur la surface de l’Océan, est obligé de prendre une direction oblique pour remonter le versant de la dune ; lorsque celle-ci est suffisamment élevée, le courant atmosphérique passe librement au-dessus de l’obstacle qui l’arrêtait auparavant ; le petit remous qui tournoyait en deçà arrête ses gyrations, et rien n’empêche alors le sable de combler peu à peu le ravin que la répercussion du courant aérien avait maintenu devant la barrière. Bientôt l’arête de la dune coïncide avec celle de l’obstacle, celui-ci disparaît complètement, et le monticule, grandissant comme une vague qui s’approche de la rive, redressant toujours plus haut sa crête incessamment déplacée, continue d’empiéter sur les terres. Les diverses couches de sable qu’apporte successivement le vent du large remontent jusqu’au sommet le versant maritime de la dune, puis, abandonnées à leur propre poids, s’étalent en larges nappes sur le talus d’éboulement et descendent en glissant jusqu’à la base.

Ainsi gagnent incessamment les dunes, grâce aux nouvelles couches de sable ajoutées à leur talus intérieur ; mais l’action du vent dominant ne se borne pas à les agrandir, elle finit aussi par les déplacer en entier et les faire cheminer pour ainsi dire sur le sol. L’objet à la base duquel le remous de l’air avait accumulé les premiers grains de sable se décompose à la longue, les