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rière jusqu’à ce que la cime de la dune en miniature soit au niveau de la ligne idéale qui mène du rivage à l’arête supérieure de l’obstacle. Alors le sable, que pousse le souffle de la mer et qui remonte le plan incliné offert par la face antérieure du monticule, ne se laisse plus entraîner dans le remous et ramener en arrière ; il franchit le petit ravin que la gyration de l’air a ménagé en avant de la palissade, et vient tomber au delà pour s’accumuler peu à peu sur la face postérieure de l’obstacle en prenant la forme d’un talus d’éboulement[1].

Tels sont toujours les premiers commencements de la dune, quel que soit l’objet qui s’oppose à la marche du vent. Il est aisé de s’en convaincre à la vue des maisons ou les cabanes que les douaniers et les pâtres s’élèvent dans les vallons sablonneux des Landes non encore fixés par des semis d’arbres. Du côté de la mer, qui est également celui d’où le vent souffle si souvent en terribles rafales, la demeure reste séparée du talus de sable par un fossé de défense aussi régulier

  1. Un géologue qui a longtemps et sérieusement étudié les dunes de la Gironde, M. Baulin, a trouvé que la pente occidentale des dunes, dont la base n’est pas rongée par la mer, est en moyenne de 7 à 12°. La pente orientale est de 29 à 32°, c’est-à-dire trois fois plus forte. Elle serait de 45° si les pluies ne ravinaient les talus et n’en prolongeaient ainsi l’inclinaison.