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en couches inégales sur le talus d’éboulement. Une tranchée pratiquée dans l’épaisseur de la dune permettrait de compter et de mesurer les strates d’épaisseur et de nature différentes que les vents ont successivement apportées. Telle douce brise n’a déposé que le sable fin comme la poussière, tel vent plus fort était chargé d’un lourd sable coquillier, tel vent d’orage a charrié des coquillages entiers, des branches et des épaves.

Figure 4
Figure 4

Si le plan incliné que la dune tourne du côté de la mer restait parfaitement uni, la zone du rivage n’offrirait, dans toute sa largeur, qu’un seul rempart de sable empiétant graduellement sur l’intérieur des terres ; mais à la longue, la pente de chaque dune ne peut manquer d’offrir quelques saillies causées par des corps étrangers ou par des plantes qui prennent leur naissance dans le sable. Toutes les saillies assez fortes pour résister au vent servent de points d’appui à de nouvelles dunes entées, pour ainsi dire, sur le flanc de l’ancienne. Ces nouvelles dunes elles-mêmes se hérissent d’aspérités que recouvrent bientôt d’autres monticules de sable, et c’est ainsi que se dressent peu à peu toutes ces rangées de collines mouvantes que séparent d’étroites et longues vallées appelées lèdes ou lettes par les paysans des landes françaises. En certains endroits,