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82 Deuxième Parties dissant une massue énorme. L’homme, effrayé, monta dans un arbre. Le derviche s’assit sous le même arbre, tira de sa poche cinq petites figurines pétries d’argile, qu’il rangea devant lui, a})r6s quoi il s’adressa à l’une d’elles en ces termes : «0 ’Omarl maintenant tu es en mon pouvoir, usurpateur du califat ! Sur-le champ tu me rendras comi)te de tes crimes, et tu subiras la peine qui t’est due pour i)rix de ta turpitude. Pourtant je me montrerai loyal envers toi en te donnant une chance d’échapper. ]1 est possible qu’il y ait eu dans ton cas des circonstances atténuantes qui ne doivent pas être oubliées. Renseigne-moi alors, s’il en est ainsi, et je promets de n’être pas impitoyable . . . Comment ! tu ne dis pas mot ? Mais alors il est évident que tu n’as pas la moindre excuse pour ta conduite indigne, et je vais te tuer à l’instant.» Ayant dit ces mots, il brandit la massue, et d’un coup il écrasg, la figurine. Puis il se tourna vers l’autre : «O Abu Bekr, dit-il, toi aussi, tu as été coupable dans cette affaire, parce que tu as occupé, le premier, la place qui appartenait de droit à ’Alî. Cependant, tu es un vieillard, et peut-être n’as-tu été qu’un jouet dans la main de cet impie de ’Omar que je viens de détruire. S’il en est ainsi, dis-le-moi, c^ue je puisse te traiter avec clémence . . . Comment ! tu ne dis rien non plus ? Prends garde ou je t’écrase comme j’ai écrasé celui dont tu as été l’instrument . . , Tu refuses encore de répondre ? Alors ton sang retombera sur ta proi)re tête !» Un nouveau coup de la massue, et la seconde figurine suivit la première. Puis ce fut le tour de la troisième figurine : «O Murtadâ ’Alî, maintenant que ces misérables qui te retenaient tes droits ont été tués sur le champ, dis-moi, je t’en prie, comment il s’est fait que toi, le successeur élu du prophète, tu as permis qu’on t’évinçàt. Après tout, tu as en quelque sorte consenti à leur usurpation, et je voudrais savoir pourquoi tu l’as fait, et pourquoi tu ne t’es pas opposé à eux, même au péril de ta vie. Dis- le-moi, alors, je t’en prie, afin que mes doutes soient dissipés .. . Comment ! toi aussi tu te tais ? Mais il faut que