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Carnittrt’ national et vie liltt-raire. 77

S’il s’élevait de la fumée île la douleur comme «lu feu, le monde serait toujours plongé dans l’obseurité. Si tu parcourais le monde d’un bout à l’autre, tu ne verrais pas un sage joyeux.

(Ethé, Morgenl. Forscli. 1><75.) Presque tout ce qui uous reste de la poésie de Salud, est comme ça, uue j)lainte triste et monotone. La douleur de Bal»a Taliir est plus intense encore : elle va au-delà du désespoir !

Dans» le champ de mon esprit il ne pousse que de la douleur ; dans mon jardin il ne croît que les (leurs du chagrin’. Dans le désert de mon cœur stérile pas même la plante du désespoir ne peut croître.

(Iluart no. 35.)

^vicenne s’écrie dans un moment de lassitude : <) que je ne susse pas, qui je suis ! Comment le monde me jetterait-il alors en confusion ? Je vivrais joyeux, ei la fortune me favorisait, et sinon, je pleurerais de mille yeux.

(Ethé no. 9 .)

Même cet homme, qui était doué d’une force vitale presque fabuleuse, cet hounnc qui réduisait le sommeil à un mininmra pour tirer le plus de profit possible de la vie, est atteint de ce pessimisme incurable :

J’ai parcouru tous ces souvenirs là et regardé tous ces monuments-là, et je n’ai vu que des misérables qui se déchirent la barbe de la main du désespoir ou grincent des dents de remords’-. C’est aussi le cas de Nâsir Ilusrau. Au milieu de ses

discours consolants, au milieu de ses visions splendides, uue humeur sombre et amère le prend, et il pousse des cris de désespoir :

<) malheur à nous, mi.sérables et confus que nous sommes ! morts ou vivants nous sommes liés au malheur ! (Rusanâiname v. 482.)

S’il faut chercher la première cause de ce pessimisme dans le déchirement de l’esprit, le manque d’harmonie inté- •

A cause du mètre il faut lire i>, comme le porte l’édition de Bombav, au lieu du i.2>^ de M. Huart. 2 Vers arabe cité par Ibn llalliqân (de Slane I, p. 144) d’après le Nihâyat cl iqddm de Sahrastiini.