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Deuxième Partie.

cette pensée favorite des orientaux. Les plus grands princes

et les plus viles esclaves sont égaux devant la mort. Salomon a dû abandonner son pouvoir, Alexandre a dû s’en aller, et soîi royaume avec lui, et Gamsêd et Fagfûr avaient été de la poussière et sont redevenus de la poussière. Au lieu de s’attacher aux choses de ce monde-ci, il faut travailler à «se connaître soi-même» (Rû.s . v . 339), car c’est la base de tout savoir, et le savoir est la base de la vertu. Le vice n’est

que de l’ignorance.

Puis il faut s’élever au-dessus de tous les désirs, car ils ne sont que des chaînes qui entravent le pied. Celui qui sait dominer ses désirs, n’est pas «comme un chien devant le premier infidèle venu», il est son propre sultan.

Nâsir Husrau précise ses théories morales en énumérant, conformément au chiffre sacré des ismaéhens, sept vices qu’il faut éviter : l’avarice, la colère, la passion, la fraude, la sensuahté, l’orgueil et l’envie, et sept vertus auxquelles il faut aspirer : l’humilité, la clémence, la frugalité, l’absence de cruauté, l’abstinence, l’obéissance et la sagesse (Rïis. v . 374 sqq.). Nâsir Husrau était un penseur et un idéaliste. Son suc-

cesseur comme chef de la propagande ismaélite en Asie fut un homme des plus énigmatiques et qui n’a pas encore trouvé un biographe impartial : le redoutable Hasan Sabbâh, le fondateur de la secte des assassins. Le sufisme, la philosophie d’Avicenne et l’ismaélisme étaient les hérésies les plus importantes au temps de ’Omar Hayyam.

Communes à tous ces courants d’esprit étaient les idées d’émanation et de panthéisme et l’habillement mystique des pensées.

En même temps le sunnisme ortho-

doxe atteignit, grâce à Gazâlî, l’ami de ’Omar, son développeiuent final.

Mais celui-ci même n’a pas jtu se soustraire à l’influence des idées hérétiques. Gazalï appartient à l’an-

cien sufisme, mais il combat avec énergie les idées fantastiques de rabsori)tion en Dieu au moyen de l’amour mystique etc.

Dans sa métaphysique, il adopte le système d’Aristote dans la même mesure que les philosophes ; il adopte même la doctrine uéoplatonique de l’émanation en le mo-