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CRract6re national et vie litt( raire. 78

Hasaii Sabbâh un ])eu [tlus tard, furent initiés aux mystères de l’ismaélisme. Nâsir TJusrau, descendant du huitième imâin, était un liommo intelligent et curieux (raj)prendre, homme de lettres, philosophe et poète.

Après avoir voyagé beaucoup et

étudié toutes sortes de religions et de systèmes religieux sans rien touver qui pût satisfaire son esi)rit inquiet et chercheur, il finit par se faire ismaélite et, après un séjour de plusieurs années en Égyj^te, il retourna en Khorassan avec le titre de (lai (missiomiaire). Ses efforts pour relever l’ismaélisme en Perse à la même hauteur qu’il avait atteint en Egypte n’eurent pas de succès, et, poursuivi de ville en ville, il finit par embrasser la vie d’un ermite dans les contrées montagneuses et inhospitalières du Badahsân. C’est là qu’il écrivit ses poèmes didactiques Riikinfuname (livre des lumières) et Saadatnamc (livre de la félicité) et son dïvân consistant surtout en qasîdas métaphysiques et morales^

Les idées métaphysiques de Nâsir Husrau sont le tauhîd et la doctrine de l’émanation, commune à la philosophie d’Avicenne et à celle des snfïs.

Dans ce monde-ci, sorti d’un

mélange de matière et d’esprit, l’homme est la créature la plus parfaite, l’homme est «le fruit de l’arbre du monde», tandis que tout le reste n’est que du feuillage (Rûsanâînâme V. 2i>7 — 98).

Il est «un rayon de la lumière divine», et il a le but de ’rejeter son propre être et devenir Dieu» (Rus. v. 263). Mais ceux-là seuls qui ont atteint au plus haut degré possible de la perfection en vertu, peuvent parvenir à cette absori )tion dans la divinité ; les autres erreront de lieu en lieu, «leur limon s’unira au limon, leurs cœurs à d’autres cœurs» (Rus. v. 271), jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment purgés. Il faut «adorer Dieu pour lui-même sans se soucier des relations du paradis et de l’enfer», car les hommes sont «élus pour s’élever au-dessus des deux mondes» (Sa’âdatnrime v. 5 — (î). Ce monde-ci n’est rien.

Nâsir Husrau revient souvent sur

»

V. ZDMG. XXXIII. p. 645, XXXIV. p. 428, 617, 64.3 et XXXVI. p. 478, Gott. Nachr. 1882 p. 124, Actes du VI congrî-s internat, des orientalistes (1885) II. p. 204.