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Deuxiî’ine Partie.

pour éviter une rupture avec l’orthodoxie, tandis que le panthéisme apparaît ouvertement chez Abu Yezid Bistâmï. Ici

le tourment volontaire cède la place à la coutem})lation, et l’horreur est remplacée i)ar l’amour mystique en Dieu et la soif du savoir surhumain que l’on gagne par l’extase’. En même temps l’orthodoxie eut deux adversaires, le mu’tazilisme et la philosophie })roprement dite. La contra-

diction ai)}>arente entre l’idée d’un Dieu juste et la prédestination qui condamnait d’avance une })art de l’humanité à l’enfer, choquait les intelligences. Or, il y a des passages,

peu nombreux, il est vrai, dans le coran, qui })euvcnt servir d’api)ui à l’hypothèse du libre arbitre. Aussi, tandis que les muryites soutenaient la conciliabilité de Dieu et le pardon des péchés pour ceux qui croyaient sincèrement et fermement, les qadarites croyaient-ils au libre arbitre. Ceux-ci s’élevèrent

à une importance extraordinaire, quand le disciple de Hasan Basrï, le persan Vâsil ibn ’Atâ, (pii avait élargi son horizon religieux en discutant avec des zarathustriens, des bouddhistes et d’autres sectaires dans les cercles cosmopolitiques de Bagdad, quitta son ancien maître ]»our suivre les doctrines de cette secte, (|ui eut le nom de mu’taziUtes (<• dissenters»). Leurs deux dogmes i)rincipaux étaient ceux-ci : l*^’ la prédestination

de Dieu au sujet des hommes se borne aux accidents extérieurs, taudis que l’homme dispose lui-même de ses forces et porte la responsabilité de ses actes ; 2° il est incompatible avec l’unité divine d’attribuer à Dieu des qualités éternelles, savoir, pouvoir, etc. comme des attributs. Dieu seul est

éternel : ainsi le coran même est créé. C’est cette dernière assertion qui excita le plus de haine i)armi les orthodoxes. La connaissance de la philosophie des Grecs servait à développer et à affermir dans les détails la doctrine des mu’tazihtes.

La logique d’Aristote devenait dans leurs mains une arme terrible contre les adversaires, et ainsi le mu’tazilisme réussit à être reconnu, i»our un bref temps — dej^uis Ma’mûn 1 Kremer 1. c. p. 52—78.