Page:Recherches sur les Rubāʿiyãt - Arthur Christensen.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée

Caractôre national et vie liltt-rairc. 61

jour le oalife C^niar prit une paille dans la main et dit : i)

que je fusse ce brin de paille ! »iue je fusse oublié et oublié éternellement ! (jue ma mère ne m’eût pas mis au monde !»’ L’ascétisme fut le dernier idéal de la vie. A l’abstinence

s’ajoutait la solitude et le tourment volontaire. C’étaient là

les éléments de l’ancien sufisme arabe de H as an Basri (mort en 728 a{>. J .-C.) et de ses discii»les. L’homme est un

l)auvre naufragé, (|ui se cramponne à une planche au milieu de l’océan, et il faut se tenir toujours sur ses gardes contre cette «demeure terrestre i)erfide, trompeuse et menteuse, qui se pare de ses tentations et attire les hommes par son éclat pour les détourner de la bonne voie et les faire oublier le retour il Dieu»’.

Le théisme raide et dur qui convenait aux Arabes, enfants de la nature, ne satisfaisait i)as res})rit chercheur et le tempérament complexe des Persans.

Parmi ceux-ci un nou-

veau siifisme se développa, un sufisme panthéiste, bâti sur des idées d’incarnation era})runtées à la philosophie indienne ou, peut-être, au néoplatonisme, qui aurait subsisté en Iran depuis le temps des Sâsânides.

Un monastère de sûfts fut

fondé en Khorassan au commencement du 9^ siècle |)ar Abfi Sa’îd ; et ce nouveau sîifisme gagna beaucouj» d’adhérents dans l’est de l’Iran, où il existait, depuis bien des siècles, des communautés de bouddhistes et de védantistes. Ainsi nous avons de bonne heure un sîifisme orthodoxe et un sufisme hérétique, selon l’expression de M. Kremer. L’influence réciproque des deux ex[)èces de sufisme ne se voit pas clairement, mais en réalité, nous trouvons bientôt ces deux sectes mêlées l’une à l’autre depuis la Perse jus([u’à l’Egypte. L’absorption en Dieu devient le dogme principal du sufisme persan, et le but des exercices ascétiques. Le persanHallâg qui parut en ’Iraq en 911 ap. J . - C. et fut exécuté dix ans })lus tard, est, dit-on, le premier qui ait prononcé le mot ana-l - aqq («je suis Dieu»). Son maître Gunaïd tâchait de modifier les nouvelles doctrines

Kremer : Gesch. d. herrschenden Ideen d. Islam p. 21 —24.

ibid. p. 22 .