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Deuxième Partie.

éteint l’arcleur du soleil de juillet dans le jardin et le i)ré, réduit les rossignols au silence, écrase les fleurs et transforine les éméraudes du jardin en ambre jaune ^ . Mais le plus souvent, c’est la splendeur du printem])S qui insi)ire les })oètcs, c’est l’éclat des fleurs de mille couleurs, le parfume des roses et des jasmins, la verdure, le ruisseau qui murmure, le vent doux et frais, bref, une nature belle, riche et voluptueuse qui cadre avec les sons harmonieux du luth et de la harpe, le vin ardent et les baisers amoureux. Aussi le naurûz, le jour de l’an à l’équinoxe du printemps, donne-t -il matière à bien des descriptions brillantes de la nature que les i)oétes insèrent dans des (jasldas panégyriques : Depuis que la prairie î^’est couverte de soie bleue et que les montagnes se sont paréey de t<oie chinoise de sept couleurs, la terre est grosse de musc comme le nombril de la gazelle, et le saule pousse des feuilles sans nombre semblables aux plumes du perroquet.

Hier, à minuit, le vent apporta l’odeur du printemps. Sois le bienvenu, ô vent du nord ! sois béni, ô vent de printemps ! Tu vois verdure .sur verdure comme des cieux superposés, tu vois des tentes dans l’enceinte des pavillons comme des châteaux bâtis en dedans d’autres châteaux.

Partout où il y a une tente, un amant dort à côté de sa maitresse ivre [d’amour]. Partout où il y a de la verdure, un ami se réjouit de la vue de l’amie.

La verdure est remplie du son de la harpe et de -a voix claire des chanteurs, et les tentes retentissent du bruit des coupes et des cris des échansons qui aiment le vin.

[Tu ne vois et n’entends que] les baisers et les embrassements des amants et les caresses et les reproches des belles, le cliant et la musi(iue des chanteurs et le sommeil lourd des dormeurs ivres- . . . Dans les petits rubfi’is il n’y a })as de jilace i)our de longues descriptions pittoresques. Ici comme ailleurs, la nature ne sert cpte comme un supplément au vin et à la volupté :

1 £thé, Gôtt. Nachr. 1882 p. US.

2 Farruhi, Daulatsâh éd. Browne p. 55 sqq.