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Deuxième Partie.

l’abrutissement est l’objet de leurs vœux. Je connais des

hommes profondément instruits, avides de connaissances, goûtant avec délices les jouissances philosophiques les plus raffinées, et qui ne sauraient se passer d’être ivres-morts tous les soirs. »^

Les poètes exaltent le vin sans réserve. On sait combien de place la poésie bachique prend dans la littérature persane. Le vin est chanté toujours et sur tous les tons, tantôt gaiement, tantôt sérieusement, tantôt avec du ))el esprit, tantôt en allégories poétiques.

Avicenue, le médecin et philosophe, qui aima le vin jusqu’à sa dernière heure, prêche quelquefois la modération tout comme les anciens mages : Le viu est l’ennemi de celui qui s’adonne a livresse et l’ami de celui qui en use sobrement : un peu de vin est de l’antidote pour nous, beaucoup est du poison.

Si l’on en boit beaucoup, ça ne vous fait pas peu de mal ; si l’on en boit peu, ça vous fait beaucoup de bien-. Dans un autre quatrain il soutient qu’il ne convient qu’à trois sortes de personnes de boire du vin : au roi (à qui tout est permis), à l’hoinme sage (qui sait boire dans la juste mesure) et à l’ivrogne (qui ne se soucie pas des conséquences )^.

Cette continuelle glorification du vin a fait naître assez tôt, pour l’usage des poètes, une série d’expressions stéréotypes, dont les plus fréquemment employées sont celles-ci : Le vin ( ^ — «jL — ^5..i ; — j^xi), caractérisé comme «le vin couleur de rose» (e>vi^Jb’ ^ ^), «le vin de rubis» ( :t^

Joti),

«le vin pur, clair» (lj’j <Ji^ s^ ^), «le vin vieux >» La coupe {^,^

^ckï — J^. J) et la bouteille {Jy^

La taverne (iL.^"yys — «j^Xa^a). ’

Gobineau ; Les Religions et les Thiloeophies p. 69 —70. 2 Gôtt. Nachr. 1875 p. .557 .

» ibid. p. 560.