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Caractère national et vie littéraire. 39

logic sommaire et grossière, (jue les nntciirs de l’antiquitô nous ont transmis des Perses, on n’a pas de peine à connaître les Persans d’aujourd’hui. L’esprit militaire a disparu à mesure que la civilisation croissante a adouci les mœurs ; mais l’amour du vin et de la jouissance, l’observation minutieuse de l’étiquette et le goût pOur tout ce qui est étranger», les facondes, la vantardise et la finesse^ ont toujours été et sont encore les traits les plus saillants chez les Iraniens. De même le goût du sport ne s’est jamais démenti chez eux. La chasse et le jeu de paume, exécuté à cheval, ont toujours été les principaux plaisirs parmi la noblesse, et en 1878 le Chah Nâsir-eddin savait imposer aux Français par son habileté à manier le javelot.

L’assertion d’Hérodote, que la véracité ait été un principe fondamental de l’éducation des Perses, a été souvent révoquée en doute. Quoi qu’il en soit, je suis porté à croire, que les efforts des mages pour combattre, selon les lois de la religion, le malheureux penchant inné au mensonge, n’ont été que trop vains.

Dt^à dans les gatJias, que la plupart des savants s’accordent à considérer comme datant sinon de Zarathustra lui-même, au moins de ses ])remiers successeurs, on trouve ces mots : «... Moi qui abjure ... ce péché du mensonge qui est (hélas !) la chose la plus proche au peuple.»^ Franchise, loyauté n’ont jamais été le coté fort des Iraniens.

Que Darius ait obtenu la couronne de la façon déloyale que nous rapporte Hérodote, ou non, les Perses l’ont cru et ont raconté avec admiration ce trait de finesse de leur roi.

Dans le roman ancien de Vis et Râmîn, qui nous est conservé dans le poème de Fahri Gurganî, la sympathie est »

Hérodote I. 133-135.

2 Amm. Marcell. XXIII. 6, 80.

3 Le Yasna XXXIII. 4, d’après la traduction de Mills (SBE. XXXI. p. ’7-i)-

Selon M. Edv. Lehnaann, le mot «vérité» a, dans l’Avesta, simplement la signification de «la bonne voie» c.-à-d. la vraie religion ; le mot «mensonge», par contre, veut dire «hérésie». (Edv. Lehmann :

Zarathustra t. II . Copenhague 1902, p. 215 —16.)