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12 Première Partie.

plus ancienne source connue de l’anecdote du triumvirat 1[1], mais aussi par Ibn-el-Atîr et l’auteur du Tarihi guzida. — La naissance de Nizām-el-mulk est fixée décisivement à 408 par Ibn-el-Atîr, et le Gami-el-tavarîh prétend même qu’il était âgé de plus de 80 ans, quand il fut assassiné en 485. M. Browne en conclut :

1. Que Nizâm-el-mulk était né au plus tard en 408 (1017).

2. Qu’il est extrêmement improbable que Omar Hayyâm et Hasan Sabbâh qui moururent tous les deux d’une mort naturelle dans les années 517 — 18 (1123 — 24), eussent plus de cent ans au temps de leur mort.

3. Que même si l’on suppose que’Omar et Hasan aient été centenaires, et si l’on place, conséquemment, leurs naissances en 1023 ap. J.-C, ils auraient eu pourtant six ans de moins que Nizâm-el-mulk, et tous les trois auraient difficilement pu être des « enfants » en même temps, comme le prétend le Gann-et-tavarih.

4. Que l’anecdote est extrêmement invraisemblable, sinon absolument impossible, et qu’elle mériterait à peine une considération sérieuse, si elle s’appuyait seulement sur des livres tels que les faux Vasayn, le Dabistan etc., mais que le témoignage du Garni-et-tavârih, tant à cause de son ancienne date, qu’à cause de la renommée d’historien de son auteur, ne peut pas être aussi facilement repoussé. On doit pourtant se remettre dans l’esprit qu’un grand laps de temps n’est pas nécessaire pour que des légendes d’un caractère bien plus surprenant se produisent. M. Browne rappelle ici que la notice sur la vie de Nâsir Husrau donnée par Qazvïnï dans son Àtar-el-hilad (éd. Wûstenfeld pp. 328 — 29) n’est pas moins remplie de traits légendaires, bien que seulement 200 ans se fussent écoulés après la mort de ce poète.

  1. 1 Kasîd-ed-din fut tué en 718 (1318). Ainsi, si l’on accepte la théorie de M. Houtsma, que l’anecdote en question soit fondée sur une confusion entre Nizâm-el-mulk et Anûsirvân, l’auteur des Vasâyâ, qui a vécu au 15e siècle ap. J.-C, ne peut pas l’avoir inventée, comme M. Houtsma l’a supposé.