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4 Première Partie.


il appartenait lui-même. Néanmoins cette découverte ne laissait pas de rendre suspect l’authenticité du récit, et elle engageait M. Houtsma à formuler une nouvelle hypothèse : « … On comprend aisément, dit il, que l’anecdote, très ingénieuse du reste, doit son origine à la fantaisie de l’auteur des’u’wo » qui peut-être a pensé au passage des Mémoires d’Anouchirwàn, dans lequel celui-ci nous dit qu’il a visité l’école avec plusieurs individus qui devinrent plus tard les premiers Ismaéliens ». 1[1]

Ces raisonnements passèrent cependant assez inaperçus, jusqu’à ce que M. V. Shukovski en fît le point de départ d’une étude approfondie, publiée dans Al-Muzaffariya, recueil de dissertations offert à M. le professeur V. Rosen (St.— Pétersbourg 1898) sous le titre de « ’Omar Hayyâm et les quatrains ambulants ». 2[2] Shukovski soutient d’abord qu’il est absurde d’admettre pour authentiques tous les quatrains qui circulent sous le nom de’Omar Hayyâm. « On se demande, s’il est possible de concevoir, non pas un philosophe, mais seulement un homme intelligent (pourvu qu’il ne soit pas un détraqué) dans l’esprit duquel soient réunies et incorporées une telle diversité de convictions, d’inclinations et de tendances paradoxales, un haut courage moral, d’ignobles passions et des doutes, et des vacillations déchirantes. » Il faut chercher la cause de cette discordance dans l’inexactitude des textes. Ajoutez que nous ne connaissons pas la vie extérieure de’Omar, le milieu dans lequel il vivait, et les gens avec qui il avait des relations. « Quiconque a eu jamais quelque chose à faire avec’Omar Hayyâm a considéré comme son devoir de répéter l’anecdote des trois amis d’école bien doués — Hayyâm, Nizâm-el-mulk et Hasan Sabbâh — anecdote pleine d’anachronismes évidents et tirée de sources apo-

  1. 1 Hist. des Seldjoucides de l’Iraq par al-Bondarî, d’après Imâd-ed-dîn al-Kâtib al-Isfahànî, texte arabe, publ. p. M. Th. Houtsma. Leide 1889. Préface p. XV.
  2. 2 M. Denison Ross en a donné une traduction abrégée dans le JRAS. avril 1898 (Fresh light on’Omar Khayyâm).