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Histoire et Critique. 3


bués à’Omar, d’où elle jugeait que 250 à 300, tout au plus, pouvaient être authentiques 1[1]. Elle avait remarqué que plusieurs quatrains trouvés dans les Rubâ’iyât de’Omar étaient aussi attribués à d’autres poètes persans comme Hâfiz, Salmân Sâvagî, Sa’dl et Afdal Kâsî. Whintield fit la même observation : il notait dans son édition des Rubâ’iyât 3 ou 4 des quatrains attribués en même temps à’Omar et à d’autres, et prédisait qu’un examen scrupuleux en augmenterait le nombre.

Le premier qui ait révoqué en doute l’histoire du triumvirat, est M. August Mûller 2[2]. La naissance de Nizâm-el-mulk est fixée presque unanimement par les auteurs orientaux à 1017 ap. J.-C. ; la mort de’Omar Hayyâm est indiqué à 1123 et celle de Hasan Sabbâli à 1124. Si ces deux hommes avaient été du même âge que le vézir, ils auraient vécu jusqu’à l’âge de 106 et 107 ans, ce qui serait en tout cas bien invraisemblable 3[3]. L’anecdote en question se trouve chez Mirhvand, qui l’a tirée des Vasâyâ, espèce de testament politique que Nizâm-el-mulk aurait écrit à l’usage de son fils Fahrel-mulk, vézir du sultan Barkiâruq. Cependant M. Rieu prouva 4[4] que les Vasayâ ne provenaient pas de Nizâm-el-mulk, mais d’un auteur anonyme du 9e siècle a. H. (15*^ siècle ap. J.— C) ; ils sont dédiés à un certain Fahr-eddïn Hasan, descendant en douzième génération de Nizâm-el-mulk, et dont le bisaïeul avait été premier ministre de Tugâtïmûr, prince du Khorasan (1334 — 52). L’auteur soutient qu’il a pris sa matière en partie de livres, en partie de traditions existant dans la famille de Nizâm-el-mulk, à laquelle

  1. 1 M. Batson assure, dans son commentaire de l’édition de Fitzgerald de Londres 1900, qu’il existe plus de 5000 quatrains attribués à’Omar Hayyâm.
  2. 2 Der Islam im Morgen-und Abendlande II, p. 111.
  3. 3 Beaucoup de poètes persans ont, du reste, atteint un âge considérable. Deux des plus célèbres ont été des centenaires : Farîd-eddin’Attàr qui mourut âgé de 111 ans, et Sa’dl qui mourut à l’âge de 107 ans.
  4. 4 Cat. of the Persian MSS. in the British Muséum II, p. 446.
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